L’ impression majeure que l’on ressent, lorsque l’on rencontre Gaëlle, c’est celle de l’alliance de la passion de la harpe, avec le goût de l’authenticité, le plaisir du contact avec les autres et une réélle joie de vivre. Le temps ne compte plus et l’on est doucement amené sur ses rives musicales, où se combinent la beauté des notes brillantes et douces de sa harpe traditionnelle avec la diversité des expressions musicales auxquelles elle contribue (de la musique celtique traditionnelle au répertoire paraguayen, en passant par la symphonie, les musiques chorales comme celles à danser, le bagad de harpes ou bien encore le délicieux mélange avec des instruments comme la flûte, le violon, l’accordéon et autres tin whistles).
Gaëlle a commencé à jouer de la harpe celtique à l’âge de 6 ans avec Dominig Bouchaud à l’Ecole de musique de Quimper. L’apprentissage préalable du solfège n’est pas un pré-requis, s’agissant d’un instrument où l’oreille joue un rôle considérable. Il faut néanmoins y venir, même si les partitions pour cet instrument restent rares et s’attachent plus à la variation mélodique qu’à celle des rythmes. Ce qui a attiré Gaëlle vers la harpe celtique, c’est le son magique et magnifique que produit cet instrument qui plonge ses racines dans le moyen-âge, disparaît pendant quelques siècles puis réapparaît sur le devant de la scène avec notamment l’un de ses plus célèbres promoteurs qu’est Alan Cochevelou, alias Alan Stivell.
Gaëlle est aussi enseignante de français et de latin et s’attache à transmettre aux collégiens le goût de la belle musique à travers des ateliers ou des projets artistiques. Elle a enseigné plusieurs années la harpe celtique à l’association Dihun et a fondé l’association Telenn Noz pour promouvoir cet instrument. Elle a réalisé avec l’aide de son ancien professeur Dominig Bouchaud un ensemble de tableaux de présentation de la harpe celtique (ses origines, son évolution, ses modes de fabrication, ses professeurs et joueurs,…), qu’elle présente régulièrement lors d’expositions dédiées ou occasionnelles et qui permettent de présenter cet instrument encore un peu méconnu, et pourtant repère majeur de notre tradition musicale.
2 – L’instrument
L’association Telenn Noz, dans laquelle Gaëlle milite ardemment, a confectionné sur trois tableaux d’exposition les notions essentielles à connaître pour ce qui concerne la harpe celtique. C’est directement à partir de ces 3 tableaux que sont extraites les informations qui suivent.
Son histoire : Les ancêtres communs à toutes les harpes sont d’une part l’arc musical dont on connaît des représentations depuis le 4ème millénaire et d’autre part la harpe égyptienne, importée en Europe occidentale par les Phéniciens à partir de 1100 av JC. Celle-ci ne fut couramment utilisée par les Celtes qu’à partir du VIIIè siècle av JC. Les mercenaires celtes étaient réputés en Egypte. Déjà, les pharaons faisaient appel à des régiments de soldats celtes. L’influence religieuse égyptienne s’est étendue jusqu’en Gaule dans l’empire romain des IIè et IIIè siècles.
Les harpes de l’Europe médiévale se retrouvent ensuite en Irlande et en Ecosse (harpe dite « de Brian Boru », roi mythique qui, dit la légende, disposait d’un peloton de 40000 harpistes et dont l’air traditionnel est aujourd’hui connu et joué par la quasi-totalité des harpistes). Dans le même temps, une harpe gothique se développe alors en Bretagne. Du croisement de ces deux types d’instruments naîtront les trois types de harpes celtiques du XXème siècle que sont la harpe celtique (cordes en boyau puis en nylon), la harpe bardique (cordes métal) et l’électro-harpe essentiellement utilisée en concert amplifié.
Les trace de la harpe celtique se perdent ensuite jusqu’au XIXème siècle où les romantiques l’évoquent avec la nostalgie du passé. Il faudra attendre 1953 pour que l’instrument renaisse de façon physique avec le modèle construit par Georges Cochevelou, père d’Alan Stivell.
Sa structure et sa fabrication :
Dans « l’anthologie de la harpe », Marin LHOPITEAU, luthier quimpérois, créateur-facteur de harpes celtiques, précise les caractéristiques majeures de l’instrument : la harpe mesure entre 40 et 170 centimètres, pèse entre 5 et 25 kg ; la table d’harmonie est presque toujours réalisée en bois résineux ; elle peut avoir des cordes en boyau, en nylon, en fibre synthétique ou en métal ; le nombre de cordes varie de 20 à 37 ; elle dispose toujours d’une colonne arquée (ce qui la distingue de la harpe classique). Il faut environ un mois pour construire artisanalement une harpe celtique. Entre autres facteurs de harpes celtiques sur le sol breton, nous pouvons citer, outre Marin LHOPITEAU, les harpes Philippe VOLANT, Joël HERROU ou encore les harpes CAMAC (ces dernières sont fabriquées industriellement).
Sa mise en oeuvre : La harpe celtique permet de jouer de multiples types de musique (jazz, musique celtique, musique con- temporaine, musique tra- ditionnelle, musique mé- diévale et Renaissance). L’enseignement porte surtout sur la musique traditionnelle avec une démarche de transmission orale. Dominig Bouchaud, professeur à l’Ecole de musique et d’art dramatique de Quimper, confiait en 2002 à la revue italienne Musica Arpa les principes suivants : « contrairement à la musique classique qui est interprétée à la lecture d’une partition écrite par un compositeur, la musique traditionnelle s’est transmise de bouche à oreille pendant des générations. Un artiste souhaitant jouer ce répertoire aura donc à choisir son répertoire (…), s’approprier ce répertoire (…), prendre le temps de s’imprégner de la culture (…), trouver une technique qui correspond à ce répertoire(…). Cela demande une grande autonomie au musicien mais lui laisse aussi une bonne marge de liberté et de créativité pour jouer selon son style et sa personnalité« .
Parmi les artistes de la région, harpistes de renom, nous pouvons citer Dominig Bouchaud (musique traditionnelle et créations contemporaines), Gwenaël Kerleo (compositions d’inspiration celtique), Violaine Mayor (musique ancienne), Cristine (chanson française), Marin Lhopiteau (musique de fest-noz), Anne Postic (musique traditionnelle), Elisia Vellia (chant grec), sans oublier bien entendu Cécile Corbel.
3 – Discographie de référence
Gaëlle dispose déjà d’une belle discographie, témoignage de la diversité des approches musicales qu’elle conduit ou auxquelles elle contribue :
– en 2000, avec Eowyn, beau disque d’inspiration celtique et irlandaise avec la participation d’ Eric Lavarec au fiddle, de Sarah Groves à la flûte au tin whistle, d’Erwann Jézéquel à la guitare, à la basse et aux claviers.
– en 2001, le projet conduit par son frère Eric, vise à fédérer des musiciens et enseignants d’écoles de musique de Bretagne dans une visée pédagogique à vocation régionale. Le groupe An Avel est alors constitué de 120 violons, 15 clarinettes, 20 accordéons, une harpe celtique. Gaëlle est de la partie et l’ensemble enregistre en 2004 un superbe double album « Graig »
– en 2003, avec Kerdelenn, disque de Harpe à danser, Gaëlle Lavarec enregistre un superbe album avec Naïg Bernard (Harpe celtique), Virginie Toulemont (violon alto) et Bruno Rivoal (percussions). Vous ne pouvez pas l’écouter sans vous lever pour danser.
– en 2009, avec Izild a Vreizh (Iseult de Bretagne), Oratorio pour choeur et instruments sur une musique de Jean-Yves Le Ven et un livret d’Evelyne Dodeur, Gaëlle Lavarec se produit avec notamment son frère Eric au violon, Jean-Pierre Evenat au uilleann pipe, Adelien Rognant au violoncelle, Cécile Fourage à la flûte traversière, Bruno Rivoal aux percussions et Virginie Toulemont au violon alto.
– plus récemment, Gaëlle partage son goût de la musique du monde dans « Gobe la Lune », avec ses vieux complices accordéonistes Anne Louboutin et Michel Léger (rencontré la première fois il y a plus de 25 ans dans le cercle des Eostiged Ar Stangala) et son ami flûtiste Vincent Bonnecase. Tous les deux ont monté le duo Tokata qui a pour vocation de jouer toutes les musiques qu’ils aiment et de les partager dans des lieux insolites. L’une de leur dernière expérience a été d’animer quelques marchés de Noël avec les mitaines. L’une des grandes convictions de Gaëlle est de chasser l’image de la « harpe que l’on joue seul dans son salon » et le plus beau cadeau reste pour elle quand un enfant vient lui tirer la manche pour lui poser des questions sur son instrument.
4 – Contact
Vous pouvez vous informer sur ces oeuvres et sur la harpe celtique en vous adressant directement à Gaëlle (06-07-94-86-60) ou par mail à : gobe_la_lune@yahoo.fr.
Et, si vous voulez déjà vous régaler, écoutez ces trois morceaux de Gob’la lune. C’est frais, c’est beau et c’est cadeau ! Merci Gaëlle, merci les musiciens de Gob’la lune et à très bientôt !
1 – Reel en FaDo (traditionnel irlandais, arrangements Gob’la lune) :
2 – Foggy Dew (traditionnel irlandais, arrangements Gob’la lune) :
3 – Baicelito formidable ((traditionnel bolivien, arrangements Gob’la lune) :
A noter les toutes prochaines prestations de Gob’la lune :
14 mars 2015 – Bal Folk à Argol (organisé par Baldingue)
24 mai 2015 – Animation à l’Ile Tudy organisée par le festival Si la mer monte.
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Il nous reste enfin à remercier grandement Gaëlle pour son accueil, sa contribution au développement du patrimoine musical breton, la qualité de ses oeuvres et son témoignage qui nous aura permis d’approcher la beauté de la harpe celtique et donnera, nous l’espérons, l’envie aux plus jeunes bretons de goûter à la magie envoûtante de ce merveilleux instrument et d’assurer, ce faisant , sa pérennité.