On trouve mention du plat traditionnel des têtes de maquereau au gros lait dans un ouvrage intitulé :
“Chronique De La Côte Sauvage Bretonne”
Écrit par Monsieur le Vicomte Yann Bernard de Mont-Faucon Baron du Folgoët.
Publié vers les années 1816.
Les débordements du Pardon de Saint Buddoc’h de 1693.
En l’an de Grâce 1693, année d’une terrible famine 2 au Royaume de France, le facteur de Saint Buddoc’h avait, sur requête de Monsieur le Curé Doyen, accepté de préparer le repas partagé par les invités du Doyenné et les notables de Saint Buddoc’h, invités de Monsieur le Recteur après l’Office de Pardon de la Paroc 3.
Son choix du menu, murement réfléchi, s’était porté sur un plat simple et traditionnel toujours disponible dans nos contrées,
“Les Têtes De Maquereau Au Gros Lait”.
Mauvaise coordination avec le Maistre Fourrier chargé de l’approvisionnement des cuisines, ou, le mauvais temps et les mauvais chemins ayant compromis l’arrivage du poisson (l’enquête menée à la discrétion de Monseigneur l’Evêque par une brigade spéciale d’archers du Roy (le bras séculier) sous la conduite minutieuse de l’Archiprêtre en charge des questions de Justice de l’Evêché n’a jamais pu éclaircir ce point ,faute de témoignage) 4.
Les têtes de maquereau présentaient en tout état de cause une fraicheur incompatible avec le respect des règles édictées par l’auteur de la recette. Soucieux de ménager le gaster de ses hôtes et après consultation de Monsieur le Recteur, lui-même très scrupuleux sur l’usance faite de ses deniers, le facteur décida qu’un fond de vinaigre bien vieil serait le plus sûr moyen de garantir la qualité et la parfaite innocuité du mets. Néanmoins, un relent d’odeur de vinaigre perceptible lors de la présentation du plat aux convives provoqua leur indignation et leur rage face à une modification indigne de cette recette ancestrale. Indignation et rage qui sous le coup de la colère aboutirent à un débordement très regrettable mais bien réel et très connu dans la contrée. En effet vous avez tous entendu conter le fait que :
Les habitants de Saint Buddoc’h ont bouffé le facteur.
Conséquence malheureuse de ce tragique fait divers, la femme du facteur, privée du soutien du Pater Familias, tomba dans l’indigence et ne dût sa survie qu’à son talent de conteuse. Elle conta oralement cette sinistre affaire à travers toute la Bretagne au cours de sa quête auprès de tous les Parlements et Cours de Justice de la Province.
1. NDLR : Monsieur le Vicomte (Noblesse Catholique d’Empire) avait connu la retraite de Russie et en avait gardé quelques séquelles.
2. NDLR : Voir le site : http://angeneasn.free.fr/epidemies.htm.
3. NDLR : Lire “paroisse” le mot vient du vieux François langage en utilisation dans les années 1690.
4. NDLR : Ces archives ayant malheureusement été irrémédiablement détruites lors d’un regroupement de documents de l’Evêché fait par l’intermédiaire d’un charretier pris de boisson dans les années 1850 ne peuvent plus être consultées. Seules les « on-dits » de la tradition orale nous restent en témoignage.